Précédant la fameuse « Cène » de Léonard de Vinci, quelque trois cents peintures italiennes, méconnues pour la plupart témoignent du dynamisme de la dévotion eucharistique à la fin du Moyen Âge. Ce corpus est étudié ici pour la première fois de manière synthétique et rigoureuse. Il révèle l'apparition de nouveaux thèmes iconographiques – telles la communion des Apôtres et la « Trinité eucharistique » – et l'émergence d'une culture homogène, la culture alpine, dont l'un des symboles visuels – insolite au premier abord – est la « Cène aux écrevisses ». Les frères mendiants, les franciscains surtout, sont les principaux commanditaires de ces images. Mais au XVe siècle, un nombre croissant de laïcs prendra le relais. Au-delà des conditions de production des œuvres d'art, cette enquête débouche sur l'imaginaire de la table, véritable carrefour du sacré et du profane. Elle permet également de saisir comment ces représentations du repas du Seigneur ont été accueillies et vécues. L'analyse de ce phénomène de réception conduit à reposer en termes neufs la question du statut et des fonctions de l'image religieuse.